Que ces deux principaux moments de la grâce ont été bien marqués par les merveilles que Dieu a faites pour le salut éternel de Henriette d'Angleterre ! Pour la donner à l'Église, il a fallu renverser tout un grand royaume. (…) Si les lois de l'État s'opposent à son salut éternel, Dieu ébranlera tout l'État pour l'affranchir de ces lois. Il met les âmes à ce prix ; il remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus ; et comme rien ne lui est cher que ces enfants de sa dilection éternelle, que ces membres inséparables de son Fils bien-aimé, rien ne lui coûte pourvu qu'il les sauve.
Mieux vaut, selon l'Église, renoncer à ratiociner sa foi et même à la penser que courir le risque de devenir hérétique, de compromettre son salut et de troubler la communion de l'Église.
Aucun des éléments lexicaux et des thèmes néo-testamentaires attachés à la notion de salut n'est propre au christianisme primitif. Toutes les élaborations conceptuelles s'étalant, dans le Nouveau Testament - sous son grec, dans son hébreu originel -, autour de l'idée de salut sont tirées, soit directement, soit par midrash, de la Bible hébraïque.
Malgré les controverses de l'entre-deux-guerres, sous la pression de la laïcisation en cours des affaires publiques, la plupart des sociétés ont rechigné à abandonner l'idée que l'État représente un système décrété par Dieu, pour le salut des hommes dans ce monde et dans l'autre.