Il est deux erreurs opposées auxquelles sont sujets les hommes qui étudient l'histoire de notre pays : juger le présent d'après le passé, juger le passé d'après le présent. […] la première est surtout pernicieuse chez l'homme d'État, la seconde chez l'historien.
L'historien n'a pas à délivrer des prix de vertu, à proposer des projets de statues, à établir un catéchisme quelconque ; son rôle est de comprendre ce qu'il y a de moins individuel dans les événements.
Viennent ensuite les historiens qui considèrent que leur premier devoir, c'est de détruire les légendes, et de rétablir la vérité. Il est certain que, sans eux, l'histoire des peuples ne serait qu'un vaste poème, où les faits agrandis et dramatisés par l'imagination des foules, grandement embellis ou inventés par les flatteurs des rois, brilleraient, couleur d'or et de sang, dans une lumineuse brume.
Il s'est inspiré de l'historien allemand Treitschke, maître du pangermanisme moderne et violent adversaire de la France.
Mais la méthode historique doit être implacable, car elle ne saurait être arrêtée ou limitée par aucun tabou. De plus, le véritable historien est curieux par nature ; il y a en lui un peu du juge d'instruction. Et, déformation professionnelle, tout silence lui est suspect, car c'est là un refus de répondre. Dès lors ce refus dissimule quelque chose de très important ; c'est donc là qu'il faut creuser. Au contraire, l'historien conformiste n'est alors qu'un banal historiographe, un compilateur docile, et son rôle est très différent.